Melinda Jane Cobbelpot

  Chapitre 1 : Et la terre on y revient .

Et voilà, le dernier jour de l'été était arrivé. Demain, il faudrait se rendre à Londres pour prendre le train qui la ramènerait à Poudlard pour sa sixième et avant dernière année. Installée sur le banc de Cliff Paths, Melinda regardait la mer en humant les embruns. Elle ne se lassait jamais du petit avant goût de paradis que dégageait son île. A ses pieds, Scarlett jouait avec les sauterelles, elle qui l'avait suivi tout au long du chemin, trottinant à ses pieds aussi sûrement que l'aurait fait un chien. Attendrie, la jeune femme lui grattouilla l'arrière de l'oreille  et soupira , déjà saisit par la nostalgie des fins de vacances. Non pas qu'elle n'aimait pas Poudlard mais le parfum de cottage chics et le spectacle délicieusement désuet qu'offrait Guernesey lui manquait toujours autant, année après année. Il faut dire qu'ici la vie avait une saveur bien particulière. On serpentait entre murs de pierres, haies denses et escaliers raides partant à l'assaut des collines, on s'engonçait dans les prairies humides longeant les côtes déchiquetées par les vents et on flânait de manoirs en églises, perdant toute notion du temps jusqu'à ce que le traditionnel coup de canon tiré de Caste Cornet vous rappel qu'il est déjà midi. Melinda ne savait pas trop ce qui avait poussé ses parents à s'installer ici, dans une petite bicoque de Saint-Pierre-Port, mais une chose était sûre, elle n'aurait donné sa place pour rien au monde. Elle aimait tout de cet endroit. Les sables du nord, le granit du sud, le belvédère d'Icar Point, les ports de pêche, les petites baies aux couleurs spectaculaires., le petit marché du Sausmarez Manor, tous les samedi matin... Sa mère disait de Guernesey qu'elle avait le goût du grand spectacle. Sa fille ne pouvait qu'approuver. Et c'était bien ce trait de caractère qui lui manquait le plus lors des longues soirées d'hiver passées dans ce château écossais. Étirant les bras au dessus de sa tête, elle se leva, fit un dernier tour sur elle même pour profiter de la vue puis reparti en direction de la ville, son chat toujours sur les talons.

Chapitre 2 : Tu es de ma famille, du même rang, du même vent .

S'engouffrant des les petites ruelles non dénués de charme de la capitale, Melinda se fraya un chemin parmi les nombreux touristes pour rejoindre l'échoppe de sa mère, située au rez-de-chaussée de leur maisonnée. Holly Anna Hutcheson était en effet propriétaire d'une charmante boutique où l'on vendait du thé mais aussi d’innombrables produits à bases de plantes, de fruits et de légumes, allant des macérats, aux confitures, aux chutney et toute une foule d'autres produits tout aussi gourmands. Née un 8 novembre à Johnstone, une ville située dans la grande banlieue de Glasgow,  en Écosse, sa mère était issu d'une famille moldue très traditionnelle. Première sorcière à naître dans la lignée Hutcheson, Holly avait fait sa scolarité à Poudlard, en tant que Serdaigle, avant d'abandonner progressivement sa magie à la fin de la guerre. Melinda observa sa mère à travers la vitrine du magasin pendant quelques minutes. Elle était anglaise, terriblement anglaise, expansive, excentrique et dotée de l'énergie d'un feu follet mais cela n'avait pas suffit à la convaincre que sa magie était un don merveilleux et non pas une malédiction, faisant d'elle une pestiférée au sein de sa propre famille. La brunette poussa la porte, faisant tinter le carillon, et Scarlett se faufila entre ses jambes, courant comme une fusée vers l'arrière boutique où l'attendait son traditionnel bol de lait. Après avoir déposé une bise sur la peau velouté de sa mère, Melinda entreprit de l'aider à ranger des bocaux sur les multiples étagères en bois de la boutique avant la pause méridienne. Son père n'allait pas tarder à rentrer pour le déjeuner. L'odeur de la frittata aux courgettes et à la feta de Granny commençait déjà à embaumer l'air et Melinda entendait les bruits de pas des jumeaux qui chahutait dans le salon, juste au-dessus de l'office. Son père, Ramsey Oswald Cobbelpot était enseignant d'art dramatique à l'Elizabeth College School de Saint- Pierre -Port. Originaire de Croydon, dans la banlieue de Londres, c'était un homme doux, tolérant mais aussi extrêmement fantasque.Sa fille était sa plus grande fan. De cette union originale était née Melinda, deux ans après la fin de la guerre, alors qu'ils n'avaient que vingt ans et trois sous en poche puis Jack et Scott, les jumeaux, âgés aujourd'hui d'une dizaine d'année. Sa grand-mère paternel, Granny pour les intimes, était venu vivre avec eux deux ans plus tôt, après le décès de son mari. La jeune poufsouffle étiqueta un dernier bocal de rhubarbe aux bluets, la déposa artistiquement sur un présentoir en fer forgé puis alla retourner la pancarte annonçant la fermeture de la boutique. Chose faite, elle se rendit dans le jardin, situé dans une petit cour murée de pierre à l'arrière de la maisonnette.

Chapitre trois : Tous les jours heureux dont nous rêvons.

Mélinda adorait ce jardinet. Quelques années auparavant, ce n'était encore qu'un tas de gravas et de ronces entremêlées. Aujourd'hui, une diversité de plantes y prospéraient. On y retrouvait le bleu violacé des agapanthes qui poussaient avec vigueur le long de la petite clôture en bois délimitant le potager de sa grand-mère. En janvier, le mimosa embaumait l'air et ses fleurs jaunes étaient comme des milliers de petits soleil dans la grisaille des mois d'hiver. Un peu plus loin, un superbe camélia blanc ornait la façade en pierre rouge, juste à côté du cerisier où son père avait suspendu une balançoire en corde. Si la jeune femme lui trouvait du charme toute l'année, c'était bien au printemps qu'elle le préférait quand les géraniums, les fushias, les tulipes et surtout sa petite collection de rosiers se mettaient à fleurir. Elle s'installa sur une des chaises en fer forgée du salon de jardin et fut rejointe quelques minutes plus tard par Jack et Scott, qui se poursuivaient en scandant des cris de guerre indiens. Granny, les bras chargés de divers plats, les extorqua au calme, tandis que sa petite fille finissait de mettre le couvert. Melinda était la seule de la fratrie à avoir développé des pouvoirs magiques, ce qui interrogeait souvent sa mère sur la transmission de cette particularité.

Son père, lui, voyait plutôt ça comme une mutation spontanée et trouvait l'idée que seules les petites femmes de sa vie aient le pouvoir de transformer l'eau en thé assez séduisante. D'ailleurs, tout comme sa fille, il s'intéressait de très près aux mouvances politiques sorcières et soutenait le parti Magie pour tous du mieux qu'il le pouvait. Pour la jeune femme qui appréciait autant le monde des moldus que celui des sorciers et qui n'avait jamais rencontré aucun problème d'intégration, ce parti représentait l'avenir. Si une partie de ses proches avait réussi à accepter cet état de fait, alors, elle ne voyait pas pourquoi il en irait différemment pour le reste du monde. Holly, elle, ne partageait que très peu leur enthousiasme à l'idée que le monde magique soit révélé aux moldus. Elle, qui avait été secrètement soulagée que ses fils ne soient pas nés sorciers, doutait fortement de la prétendue tolérance des non sorciers envers les gens dotés de pouvoirs magiques. Après tout, n'en avait-elle pas fait l'amère expérience au sein de sa propre famille ?  Ils l'avaient bannie, exclue de leur vie, elle n'existait plus pour eux ... excommuniée comme une malpropre pour un particularisme qu'elle n'avait pas choisit.

Quand elle tentait de défendre son point de vue, son aîné lui faisait remarquer que la société avait beaucoup évoluée au cours des dernières années, après tout de plus en plus de minorités pouvaient afficher leur identité sans craindre de se faire persécuter, il n'y avait donc que très peu de raisons pour que ce soit le cas des sorciers. Cette divergence d'opinion donnait lieu à d'interminables débats autours de la table familiale, chacun songeant détenir la solution. Heureusement, ce ne fut pas le cas pour la dernière soirée que la jeune poufsouffle passait avec ses proches. Elle ne les reverrait pas avant quatre longs mois et les questions politiques pouvaient attendre. Autant profiter de chacun d'eux avant qu'il ne soit l'heure de partir pour prendre le train.

Chapitre 4 : Et des petits bouts de nous comme un trésor.


En savourant une bouchée de salade de tomates, la brunette songea à Poudlard, au fait qu'elle allait retrouver ses amis et à toutes les nouvelles choses qu'elle étudierait cette année. Bien qu'elle soit triste de quitter son petit coin de paradis, la perspective de cette nouvelle année scolaire au château l'emplissait d'excitation. Elle allait retrouvé Ari, lui montrer ses derniers achats vestimentaires et lui parler de son nouveau projet de tatouage... Elle eu un léger pincement au cœur. C'était la dernière année que sa meilleure amie passait à Poudlard. Ensuite, elle devrait lui dire adieu pour qu'elle puisse partir suivre son cursus à Lir et réaliser son rêve de devenir botaniste. Enfin, elles n'en étaient pas encore là. Il leur restait une année encore pour vivre de folles aventures ensemble. Folles aventure oui mais année scolaire studieuse. En effet, Melinda souhaitait intégrer le cursus Droit et Justice Magique après ses Aspics. Une bonne méthodologie de travail l'avait aidé jusque là à obtenir des résultats plus que satisfaisants en cours, ce qui s'était couronné par de très bonnes notes aux BUSES, l'année précédente. Seulement, la jeune femme savait pertinemment que rien n'était joué et que tout pouvait encore basculer sur les deux dernières années. On ne comptait plus les échecs et les notes minables aux épreuves d'Aspics pour les élèves ayant relâcher le rythme ...Toute à ses réflexions sur son avenir, elle n'avait pas remarqué que l'aura de son jeune frère, Scott, d'habitude d'un orange vif venait de virer au turquoise éclatant. Une pointe de peur s'insinua en elle, puis une profonde panique la secoua, l'obligeant à lever les yeux pour connaître l'origine de son trouble.

Son cadet fixait un point par dessus son épaule, le regard vide et blanc comme un linge, alors que le reste de la maisonnée continuait de discuter et de rire comme si de rien n'était. Melinda lui donna un coup de pied sous la table pour l'interpeller silencieusement. Scott darda alors sur elle un regard terrifié et, les lèvres serrées comme s'il allait vomir, il désigna d'un geste du menton le mur se trouvant derrière elle. Sa soeur se retourna discrètement pour ne pas affoler le reste de la famille, tentant de faire partir l'angoisse sourde qui lui tordait le ventre et qui n'était pas la sienne. A quelques mètres d'eux, sur le muret de pierre de la petite fontaine près de la porte de service, un énorme lucane trimbalait sa carcasse. Pour Scott, qui avait peur de la moindre fourmi, cette vision devait tenir du véritable cauchemar. Melinda fit un geste d'apaisement , pour lui signifier qu'elle prenait la situation bien en main mais c'est ce moment que choisis Jack pour apercevoir le coléoptère à son tour et se mettre à pousser des hurlements. Scott fondit instantanément en larmes, pétrifié sur sa chaise. L'agitation gagna toute la tablée. A Poudlard, Melinda aurait utilisé un simple Evanesco pour faire disparaître l'objet de leur frayeur mais en dehors du château, elle était bel et bien les poings liés jusqu'à sa majorité. Finalement, ce fut son père qui sauva la situation. Il attrapa inopportun et l'emmena tracer sa route hors de la vue de ses deux fils horrifiés. La brunette consola Jack qui était venu se réfugier dans ses bras et, déposant un baiser sur les cheveux et doux et fin de son petit frère, elle jeta un dernier regard à sa famille en se disant qu'ils étaient bien le plus beau cadeau qu'elle ai eu dans sa vie.