Murs blancs, sol blanc, plafond blanc ; l'endroit est lumineux, presque aveuglant. Les 4 lits de la pièce baignent dans une odeur désagréable d’antiseptique et les appareils magiques ronronnent, faisant leur travail difficilement. Deux personnes sont présentes dans la pièce, entourant un homme au teint terne qui ouvre difficilement les yeux après deux semaines passées dans le coma. Il sait déjà ce qui l'attends, mais il préfère sourire aux deux aurors de toute ses dents. Impétueux, trop fier, Morgan Bartholomew n'a pas peur de payer le prix de ses erreurs après la guerre.
― «
Mister Bartholomew ! Finally opening your eyes I see. We were starting to think you would never wake up ... You got hit by a bad hex, didn't you ? Must have been very painful ... »
― «
I've known worst, don't worry for me, love. »
Il sourit, défit l'Auror de son regard aussi noir que la magie qu'il aime. A croire qu'il ne connait pas la peur, à croire que cette situation l'amuse. Il faut dire qu'ils se cherchent depuis longtemps ces deux-là. Hélas, le jeu touche à sa fin. Morgan le sait, il n'est pas idiot. Fou peut-être, dérangé sûrement, mais pas simple d'esprit.
― «
Oh shut it Bartholomew ! You're going to Azkaban, you shouldn't be smiling. »
― «
Ah, Azkaban. Right. »
Peut-être aurait-il mieux fait de rester dans le coma. Peut-être aurait-il dû jouer autrement. Mais c'était la seule solution possible, la seule échappatoire. Se mettre hors d'état de nuire pour ne pas avoir à tuer. Technique de lâche, technique de faible. Mais ça a fonctionné
Un petit silence s'installe, l'horloge accrochée au mur crache son "tic tac" sans relâche. Morgan tourne finalement la tête vers Robards qui jubile dans son coin. Ses yeux sont vides, froids. Sans vie.
― «
I'll come back you know. You will not imprison me forever, Robards. You know it. It's just a matter of time ... »
L'auror n'a pas encore gagné, le jeu se met juste sur pause. Gaiwan Robards adopte alors un air constipé qui arrache un rire à Morgan. Un rire sec, cruel, qui explose contre les murs de la pièce et résonne même dans le couloir. Il est prêt à passer des années en prison, prêt à payer le prix de ses actes. La curiosité est un vilain défaut et Morgan ne le sait que trop bien. C'est pour cela qu'il est ici, dans ce lit d’hôpital à Sainte-Mangouste. Il a été trop curieux, mais il ne regrette rien.
Robards quitte finalement la pièce en claquant la porte, sous une pluie de rire incontrôlée. Il a compris que ça ne servait plus à rien de discuter.
Morgan cesse finalement de rire, observant le plafond avec un fin sourire. Il lève son bras gauche et observe les restes de la marque des Ténèbres qu'il a reçu un an plus tôt. Des crimes ont été commis pour cela, des choses qu'il préfère taire à tout jamais. Amitié et animosité ont vues le jour, des histoires ont été écrites. Des envies de meurtre et de vengeance sont apparues, tout est lentement parti au feu. Et il sait pertinemment qu'il a fait une erreur en se tournant vers eux, mais la curiosité et la soif d'apprendre avaient été trop forte. Il n'arrive même pas à réellement regretter.
De toute façon il est trop tard, le mal a été fait.
*
Morgan Ezra Bartholomew n'a pas eu une enfance banale. Malchanceux et mal-aimé, il est issu d'une famille de classe très moyenne et est né dans une ambiance de mort. Inutile de s'attarder sur l'histoire de ses parents, ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant. Disons juste qu'un mariage a été arrangé, qu'une fortune a été perdue et qu'un enfant est né au milieu de tout ça pour tenter de remettre l'épave à flot.
Hélas, il est impossible de sauver quelque chose qui a déjà coulé et la famille Bartholomew est rapidement devenue une caricature digne d'une télé-réalité. Morgan a toujours eu honte de ses parents. Il a toujours eu honte de sortir avec sa mère folle qui ne prenait même plus la peine de s'habiller. Il a toujours eu honte d'aller au magasin acheter des bouteilles pour que son père puisse se soûler. Il a toujours voulu se venger de cette vie tant détestée.
Enfant isolé, oublié, le jeune Bartholomew a toujours préféré l'ombre à la lumière. Intrigué par l'étrange et le bizarre, curieux et insouciant des dangers, c'était presque obligatoire qu'il sombre dans la magie noire. Pas qu'il soit quelqu'un de mauvais, bien au contraire. Le monde n'est pas simplement divisé entre les bons sorciers et les mauvais de l'autre côté. La magie noire n'est pas seulement du côté du mal, tout dépends de comment on l'utilise, de si on sait se contrôler. Morgan n'a jamais prévu à l'avance de faire souffrir ou de blesser. Mis à part ses parents qu'il rêvait d'achever, il n'a jamais voulu faire du mal à qui que ce soit d'autre. Mais parce que parfois la vie nous échappe et qu'il est trop tard pour reculer, des erreurs ont été faite, des choses impossibles à effacer.
*
― «
Please come in Mr Bartholomew. »
― «
Thank you Mrs McGonagall. »
Le temps a passé, 14 ans exactement, dont 10 passé à Azkaban. Une période longue et douloureuse, méritée sans l'être.
Un nouveau départ doit être pris, Morgan espère le trouver ici. Il regarde autour de lui avec un goût amer dans la bouche. L'ancien bureau de Dumbledore a bien changé mais il a la sensation que l'esprit du vieil homme est toujours ici.
― «
Tea maybe ? »
― «
I would love that, my lady. »
La prison ne l'a pas tant changé, en apparence du moins. Morgan regarde le liquide fumant couler dans la tasse en porcelaine, la tête pleine d'espoir. Revenir ici, revenir à Poudlard pour un nouveau départ.
― «
Alright ... We both know on which side you were during the war but just like Albus, I believe in second chances Mr Bartholomew. You're a very skilled man and you already paid for your mistakes, so I think you could be a great teacher here. »
― «
I'll do my best, I promise. The past is in the past and I would never ever again .. »
― «
I know, Mr Bartholomew, I know. »
Morgan sait qu'il va être surveillé, mais il s'en fiche. Il est malin, il fera attention. Attention a ne plus déraper, attention à rester discret. Il doit oublier le passé et avancer. Oublier ces gens de qui il veut se venger, oublier cette folie, ces voix dans son esprit. Penser à la vraie vie.