Wrong crowd, right song - Alice ♪

Eirian reposa son ukulélé sur le côté et tendit la main vers son sac. Elle était régulièrement interrompue, que ce soit par le monde réel ou son propre esprit. Cela ne la dérangeait pas, elle était assez calme quand elle était seule. De manière général, elle savait se montrer patiente. D'autant plus quand cela concernait Egar. Elle avait une affection très particulière pour cette poupée. Elle lui avait offert une conscience, à la fois technologique et magique, et la petite poupée intelligente vivait d'elle-même. De toutes les créations d'Eirian, Egar était bien sa préférée. La jeune femme ne considérait plus sa poupée comme un objet mais un être à part entière. Une fillette qui avait encore besoin d'elle, un besoin réciproque de l'autre. Car après tout, Egar faisait partie de la famille d'Eirian. Si seule Eirian la connaissait vraiment, elle était plus présente que le reste de sa famille. Et surtout, comparée à ses parents et à son frère, Egar était en partie magique elle aussi. Une petite partie, pour combler la technologie. La rendre entière, lui donner ce que le monde moldu ne pouvait lui offrir, ce qu'une machine ne pouvait pas avoir, pour qu'elle soit dotée d'un esprit.

- Attention, Egar, tu vas écraser mes biscuits, dit-elle calmement, son visage ne pouvant se débarrasser de son petit sourire bienveillant. La concernée se leva du sac d'Eirian sur lequel elle était précédemment assise. Elle vint s'asseoir sur le genou gauche d'Eirian qui était assise en tailleur sur le banc de pierre oval. Eirian la remercia d'un sourire et reprit son ukulélé en main. Elle était d'humeur chantante. A vrai dire, quand ne l'était-elle pas ? Elle chantait trop souvent pour se souvenir des moments où elle ne chantait pas. Chantant à tue-tête chez elle, fredonnant pendant ses promenades, murmurant dans son esprit quelques paroles lorsqu'elle était en classe. C'était naturel pour Eirian. Chanter était un besoin inconscient qui la mettait dans un certain état de bien-être. Et quand elle allait mal, cela l'aidait à se débarrasser de ses émotions négatives. Elle fit sonner une corde et son sourire s'étendit à l'écoute de la note. Elle oubliait toujours à quel point c'était agréable d'écouter la musique pure telle qu'elle sortait d'un instrument. Elle entoura le manche de sa main gauche et pinça deux cordes. Son accord sonna merveilleusement bien à ses oreilles et elle commença à fredonner. Des sons, tout d'a bord, puis ceux-ci se transformèrent en mots indépendants qui devinrent rapidement des phrases. Elle avait ses paroles. Si cela voulait dire quelque chose, certainement, clair ou non, c'était relatif, mais elle se sentait bien ici, dans cette petite rue bordant le parc adjacent à l'Université. Elle se fichait éperdument de ce que pouvaient penser les autres. Elle était dans son monde, le plus beau qui existe à ses yeux.