Elisa- I want to look at the stars... [Done]

Toc, toc, toc
Elisa ouvrit un œil, hagard. Silence assourdissant, aucun bruit hormis l’affreux sifflement qui raisonnait dans ses oreilles. Ce foutu sifflement. Elle avait l’impression qu’il était audible à des kilomètres à la ronde.
Quelques instants passèrent, où elle resta ainsi, comme flottant dans son lit. Mais qu’est-ce qui avait bien pu la réveiller ?
Toc, toc, toc  
- Lizzy ? Demanda une voix féminine, inquiète.
Sa sœur.
Mais qu’est-ce que ça sœur venait faire dans son studio Londonien ?
Soudain les souvenirs lui revinrent. Énième coup de poignard dans son cœur. La jeune femme ferma les yeux. Sous les décombres absurdes de sa vie, certains souvenir gisaient là, tels des cadavres. Parmi eux, celui d’Olga.
Les choses avaient pourtant bien commencé. Sa vie avait débuté dans une petite maison aux alentours de Cambridge, où vivait une famille de sang mêlé dont tous les représentants actuels pratiquaient tous la magie. Tous, exception faite d’Anna, de cinq ans sa cadette. Elle aurait voulu la protéger contre vents et marrées, mais elle comprit très vite que cela était irréalisable. Il lui était impossible de faire  oublier à Anna sa nature profonde, qui la rendait si malheureuse : elle ne pouvait la protéger d’elle-même. En fermant les yeux très fort, Elisa pouvait encore l’entendre pleurer « Pourquoi tu dois partir, grande sœur ? » « Je veux venir avec toi ! » « Ne me laisse pas, s’il te plaît ! ». Aujourd’hui, le moindre son lui était insupportable. Alors, elle ferma les yeux le plus lentement possible.
À onze ans, comme tous les sorciers de son âge, elle fût envoyée à Poudlard. Sa deuxième maison – bien qu’elle prétendait le contraire devant sa cadette. Elle se démarqua par des résultats brillants sur des sujets très divers – ce que le choixpeau avait sans doute anticipé lorsqu’il l’avait l’envoyée à Serdaigle. Sa scolarité se passa sans accroc majeurs. Comme beaucoup d’étudiants, il lui arriva de passer de nombreuses heures à bucher ses examens, de rêver à son avenir réglé comme du papier à musique, de flâner près du lac et de maudire la bibliothèque.
Oui, tout était parfait. Puis en septième année, vint la première fausse note.
Une fausse note nommée Olga.
Pour être honnête, Liz c’était toujours considérée comme uniquement hétérosexuelle – mais Olga changea la donne.
Ses taches de rousseur trop nombreuses, ses lèvres trop maquillées, ses cheveux trop roux, trop courts – tout chez elle semblait régit par l’excès. On pourrait presque croire à une tentative de confirmer les clichés de la maison qui était la sienne, Gryffondor.  
Elles vécurent les premiers temps de leur relation en cachette – Autant que cela est possible à Poudlard. Leur diplôme en poche, elles s’installèrent dans un petit appartement Londonien. Leur relation survit à beaucoup de choses – le stage à Beauxbatons d’Elisa, le caractère effronté d’Olga, leurs expériences désastreuses. Le genre de trucs qui vous forment une jeunesse, quoi.
Puis la routine s’installa. Olga se trouva un poste sur – quelque chose dans la quidditch, Elisa ne savait plus trop de quoi il en retournait – pendant qu’elle continuait à enchaîner les petits boulots. À partir de là, les choses ne cessèrent d’empirer, et leur rupture traîna pendant quelques temps la Gryffondor à Saint Mangouste. Vous voyez les scènes de ménages où on se balance tout ce qui vous passe sous la main ? Bien, maintenant, transposez-la dans une maison de sorcières dont les étagères sont remplies de produits douteux, et voilà le résultat.
- Lizzy, il va peut-être falloir que tu penses à ouvrir cette porte…
Mais ce n’est pas ça qui avait conduit Mrs. Jones à se retrouver enfermée dans sa chambre, chez ses parents. Car après sa rupture, elle avait décidé de reprendre les choses en main : ah ça oui, on ne retrouverait plus la brillante Elisa Jones à astiquer des chaudrons au chemin de traverse ! Aucun ministère ne voulait l’embaucher ? On aller jouer à ça ? Si elle ne parvenait pas à venir vers l’argent, c’est l’argent qui allait venir à elle.
Pendant un certain temps, les habitués du chaudron baveur purent la voir installée à une table – toujours la même – en train d’éplucher les travaux sur Nicolas Flanel et la pierre philosophale, qui pouvait changer le plomb en or. Comme ça, son loyer ne serait plus jamais un problème ! Mais elle renonça vite : une nargole aurait sans doute fini ministre de la magie avant qu’elle ne trouve quoi que ce soit. Entre temps, même sa cracmole de sœur avait trouvé un travail, dans la médecine. À croire que faute de pouvoir se soigner elle-même, elle allait soigner les autres… La pression familiale pour trouver du travail commença donc à se faire forte. Elisa, tu as plus de vingt ans, tu devrais peut-être songer à te trouver une occupation sérieuse, non ? Alors, à court d’idées, elle postula à Poudlard… Où elle fut embauchée, à la surprise générale. Elle qui avait toujours détesté les profs, voilà qu’elle en était un, maintenant. Dear Lord.
Toc, toc toc
- Lizzy ?
- C’est bon, je vais t’ouvrir.
Ses mots furent regrettés avant même d’avoir été prononcés. Elle se leva difficilement.
Il faut dire qu’elle aurait peut-être dû éventuellement considérer la possibilité de boire moins de whisky pur feu. Mais bon, on ne devient pas professeur à Poudlard tous les jours. Étrangement, elle le vivait de manière mitigée.
Il faut dire que l’obtention d’un tel poste soulève de nombreuses questions : vais-je être à la hauteur ? Vais-je réussir à m’intégrer ? Tous mes élèves survivront-ils à mes cours ?
La réponse à toutes ces questions était évidemment positive – mais cela, elle était encore loin de s’en douter. Elle allait avoir d'autres relations, aussi -hommes et femmes confondues-. Mais quoi qu'elle fasse, elle aura toujours ce petit pincement en cœur en sentant l'odeur du café et des vieux parchemins, caractéristique de sa vie londonienne.