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- Elyon ! Sors vite de cette chambre !Les yeux grands ouverts et la bouche bée, la petite fille de huit ans aux longs cheveux bruns a eu le temps de voir avant que son père n'ait le réflexe de courir vers elle et de l'attraper vivement par les aisselles avant de la sortir de la chambre et de demander à Anna, sa grande sœur, de veiller sur elle. Anna, elle, ne comprend pas. Elle regarde son père au visage livide, sa petite sœur aux yeux qui se mouillent tout doucement... Elle enlève son casque de ses oreilles et entend alors des sanglots venir de la pièce à l'autre bout du couloir. Alors, tandis que leur père est reparti à la vitesse de l'éclair, elle attire lentement la petite fille de dix ans sa cadette contre elle. Elles s'allongent toutes les deux l'une contre l'autre et pleurent en silence, avant de s'endormir accrochées l'une à l'autre avec force. Elles savent. Elles n'auront pas le petit frère dont maman et papa leur ont tant parlé, celui qu'elles ont tant attendu... Mais au moins, maman est vivante. Elyon rêvera longtemps du petit tas rougeâtre et vaguement humain qu'elle a aperçu entre des draps blancs dont la couleur ressortait violemment sur le sang, du visage ravagé de larmes de sa mère, des yeux paniqués de son père lorsqu'il l'a prise dans ses bras pour l'éloigner de cette vision horrible, des sanglots silencieux d'Anna, le nez enfouis dans ses cheveux... Mais l'amour immense qui les unit tous les quatre aura raison de leur peine et réparera leur cœur, ramenant la joie, les rires et l'insouciance dans la maison. Les rêves d'Elyon à ce sujet deviendront de plus en plus rare, et le souvenir du petit frère qui aurait dû vivre et s’appeler Lysandre de plus en plus doux. C'est comme s'il était devenu un ange, disent-ils. Un ange ou un autre être de lumière veillant constamment sur eux...
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- ANNAAAAAAAA !!! MAMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !!! PAPAAAAAAAAAAAAA!!!Une petite brunette de onze ans court dans toute la maison, une enveloppe parcheminée dans la main, elle lève le bras et le secoue dans tous les sens, comme pour mieux montrer à sa famille le courrier tant attendu qu'elle tient entre ses doigts. Debout devant les trois membres de sa famille alignés devant elle, tous avec un énorme sourire dessiné sur le visage, Elyon ouvre la lettre les doigts tremblants.
- Je suis une sorcière ! Comme maman et comme Anna. Je suis une sorcière !
- Ma princesse, il n'y avait pas de doute. Tu tiens bien de toutes les filles de cette famille. Lui répond son père, lui ébouriffant les cheveux au passage.
Il est vrai que dans la famille d'Elyon, la faculté de ne pas être moldu se transmet le plus souvent de mère en fille. Loin d'en être jaloux ou fâché, le père de la petite fille est très fier de sa "petite bande de sorcières" comme il les appelle affectueusement.
Le jour de la rentrée, la petite fille tient fermement sa sœur d'une main et sa mère de l'autre. Elle regarde le mur en face d'elle en plissant son nez, comme elle le fait toujours lorsqu'elle est hésitante. Anna se penche vers elle et lui caresse les cheveux en souriant et lui murmure au creux de l'oreille leur phrase secrète et magique. Une phrase qui l'apaise aussitôt et peint sur son visage un large sourire. Alors la voilà qui court tête baissée vers le mur, celui entre la voie 9 et la voie 10 de la gare de King's Cross, vers sa nouvelle vie d'étudiante à Poudlard.
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Elyon en est maintenant à sa sixième année dans les murs de la célèbre école de sorcellerie et aucun événement marquant est venu entacher sa scolarité. Particulièrement douée en astronomie et en métamorphose, elle exècre les cours d'aritmancie.
Ses six années ce sont donc déroulées entre bonnes et moins bonnes notes, petites punitions, déceptions amoureuses et amicales... Bref, une vie de sorcière adolescente banale, en somme. Elle vient cependant de découvrir sa pansexualité, c'est à dire qu'elle peut porter un intérêt amoureux ou sexuel à n’importe quelle personne - binaire ou non binaire - car c'est avant tout la personne qui l’intéresse, avant son sexe ou son genre.