Maewen L. Raimbaud - "Juste because I... will always love YOUUU."

  “Maewen ? Maewen, chérie ?” Lucile tente de gagner l'attention de sa petite soeur, en vain. La fillette de dix ans est en train de recompter soigneusement les petits cailloux posés sur sa table de chevet. Elle ne répondra pas avant d'avoir effectuer ses six comptages, Lucile le sait. Elle sait également que si elle la bouscule, elle déclenchera une crise d'angoisse qu'elle sera incapable de maîtriser. Alors elle la regarde faire, en silence, et elle attend. Le moment du coucher est le pire. Et Lucile n'a pas la moindre idée de comment aider Maewen à aller mieux. Ses parents n'ont jamais trop essayé, ils n'ont jamais voulu gérer les troubles de leur benjamine. Lucile leur en veut pour ça, d'autant plus qu'elle n'habite plus ici. La plupart du temps, Maewen est seule face à ses problèmes. Lucile s'inquiète. Elle s'inquiétera encore plus lorsque la petite ira à Poudlard. Comment vivra-t-elle ce changement d'environnement ? Leur arrivée en Grande-Bretagne l'a déjà tellement secouée. Secrètement, Lucile espère que Maewen ne recevra jamais de lettre de la prestigieuse école. Mais la petite est totalement emballée. Elle ne semble même pas réaliser que ses troubles pourraient être décuplés. Elle a déjà du mal à se rendre compte que ses petites habitudes lui compliquent la vie. Lucile a peur, et elle ne peut rien faire. Alors elle se contente de la serrer contre elle et de la border, déposant un baiser sur son front.

La lettre est finalement arrivée. Maewen est si excitée qu'elle a passé sa journée à parler de l'école et à s'extasier sur le fait qu'elle serait la première de sa famille à y aller. Elle a posé un milliard de questions, sans vraiment se soucier des réponses. Elle a passé en revue toutes ses jolies collections, se demandant ce qu'elle allait pouvoir y ajouter une fois qu'elle serait à Poudlard. Elle a rêvé à voix hautes des merveilles qu'elle allait découvrir là-bas, et de tous les jolis cailloux qu'elle pourrait y trouver. Mais pas un seul instant elle ne s'est interrogé sur son intégration, ses cours, ses camarades, ses professeurs... Comme si elle n'avait pas vraiment pris la mesure de ce qu'on attendrait d'elle une fois là-bas. Ses dons magiques se sont dévoilés très péniblement, et durant ses premières années, ses tuteurs privés ont eu le plus grand mal à l'intéresser vraiment à la magie. Ses parents s'en inquiètent un peu. Leurs deux premiers enfants ont eu une scolarité brillante, mais ils doutent d'elle. Elle aurait tout aussi bien pu naître Cracmol, ça n'aurait pas fait une grande différence. Ils ont un peu peur, dans le fond, que toutes les bizarreries de leur fille ne salissent leur nom. Une lignée aussi vieille que la leur... Mais ils n'en parlent plus, puisqu'elle se met chaque fois à pleurer comme un vrai bébé, sans comprendre vraiment ce qu'on lui dit. Avec le temps, elle s'assagira. Ses premiers temps à l'Ecole de Sorcellerie vont être un vrai changement pour elle, c'est sûr. Peut être même arrêtera-t-elle de faire toutes ces idioties avant d'aller dormir ?

La petite se balance nerveusement. Elle n'aime pas trop être là, compressée au milieu des autres, à regarder des gens perchés sur des balais renvoyer furieusement des balles meurtrières. Ces dernières lui font un peu peur, comme si elles menaçaient de lui tomber dessus d'un moment à l'autre. Mais elle s'efforce d'assister à ce match parce que presque tout le monde semble s'y intéresser, et qu'on lui a plus ou moins reproché de ne pas vraiment s'intéresser à sa maison. Elle ne comprend pas trop ce qu'il y a de si fabuleux dans tout ça, et elle frotte nerveusement ses mains en série de six, se concentrant sur le comptage pour essayer de se sortir de la tête l'idée angoissante du nombre inconnu de personnes qui assistent au match. Ou pour oublier qu'une équipe se compose de sept joueurs... Elle retient son souffle à chaque fois qu'un balai frôle sa tribune, commençant réellement à regretter d'être venue. Elle frôle la crise cardiaque et se met à hurler lorsqu'une petite balle dorée volette près d'elle. Elle ne se soucie pas trop des quelques rires qui éclatent autour d'elle, les yeux écarquillés face au convoi qui s'approche d'elle à toute vitesse. Elle voit sa dernière heure arriver. Un jeune homme fonce sur sa tribune, se ruant sur le Vif d'Or. Tout se passe très vite. Il manque bien de raser la moitié de la tribune, mais parvient à attraper la petite balle dorée, emportant avec lui le danger qu'elle représente. Elle le regarde repartir, et son cœur se soulève d'un bond. Il se soulève si fort qu'elle se joint volontiers aux exclamations de bonheur des Gryffondor, véritable ovation à leur attrapeur.

Depuis qu'elle a vu Jonathan, Maewen a oublié tout le reste. Elle ne pense plus qu'à son prince charmant, qui l'a délivré du vilain Vif d'Or. Elle écrit son nom sur tous ses parchemins, rêve de lui et le poursuit dans le château. Quand elle parle, c'est de lui. Elle a même trouvé un nouvel intérêt à la divination, depuis qu'elle est persuadée d'avoir vu dans une tasse de thé un avenir radieux pour eux deux. Elle a ré-organisé sa collection de feuilles pour qu'elle prenne la forme des initiales du garçon, c'est dire. Elle a enfin trouvé un réel attrait pour sa maison, puisqu'il en est. Elle fait tout son possible pour en savoir plus sur lui, et se languit du jour où il comprendra qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Maewen attend, presque patiemment, bien déterminée à obtenir l'amour du jeune homme qui l'a envoûtée.